Anarchie (n. f.) : État de trouble, de désordre dû à l’absence d’autorité politique, à la carence des lois.

Pour la plupart d’entre nous, anarchie est synonyme d’absence de gouvernement ou d’autorité unique, donnant à chacun le même pouvoir, et aucun sur les autres.

Mais pour les spécialistes des relations internationales, on est déjà en pleine anarchie !

Comment ça ?

En politique internationale, la plus haute souveraineté appartient aux états. Il n’existe pas d’instance suprême exerçant un quelconque pouvoir sur les états. Le système international est composé d’états indépendants sans autorité supérieure : à une échelle supérieure à celle des individus, le système international est donc considéré comme anarchique !

Coopération ou conflit ?

Depuis les années 70, les chercheurs ont utilisé de nombreux modèles pour tenter de prédire les actions et réactions de « joueurs », qu’il s’agisse d’animaux prédateurs, de personnes, ou même d’états. Simples au départ, ces modèles se sont complexifiés avec l’avènement de la technologie, pour inclure de nombreux paramètres de prise de décision. Récemment, un politologue de l’université de Stanford, James Fearon, a tenté, en utilisant un modèle simplifié au maximum, de décrire les défis des relations internationales et de chiffrer le coût de l’anarchie internationale.

Dans son modèle, il considère 2 états confrontés à 2 décisions :

  • Combien d’armes acheter ?
  • Attaquer l’autre ou non ? (coopération ou conflit)

Une contrainte, et un dilemme !

Parce qu’il faut bien des contraintes dans un modèle, ici la contrainte principale c’est la « contrainte de la guerre ». En gros, avec cette contrainte, les états ne peuvent pas choisir d’être complètement désarmés (et d’investir tout cet argent ailleurs !), sinon l’autre état du modèle pourrait simplement tenter le tout pour le tout et l’envahir. Donc il y a un niveau minimum d’armement à avoir.

Et il y a bien sûr un dilemme… Il s’appelle même le dilemme du prisonnier. Imaginez 2 prisonniers complices d’un crime isolés chacun dans leur cellule. Ils ne peuvent pas se consulter, et ont plusieurs choix :

  • L’un seulement dénonce l’autre : l’un s’en sort, l’autre est condamné à 10 ans de prison
  • Les deux se dénoncent entre eux : ils sont tous les deux condamnés à 5 ans de prison
  • Aucun ne dénonce l’autre, ils s’en sortent avec le minimum (6 mois de prison), faute d’éléments.

La meilleure option pour les deux serait donc de « jouer en coopération » et de se taire. Mais il s’avère que, faute de communication, et si le « jeu » n’est joué qu’une fois, chacun pensera que l’autre choisira de le dénoncer. Ils choisiront donc de « trahir » chacun de leur coté, écopant donc de 5 ans de prison chacun.

On retrouve ce dilemme ici : si l’état A fait confiance à l’état B et ne s’arme que très peu, que se passera-t-il en cas de trahison ?

Et donc ??

Et donc il s’avère que toutes les situations sont transposables dans ce modèle, même le fait que le monde n’ait pas que 2 pays, et que les alliances existent (je vous passe les détails !)

En bref, les résultats de cette modélisation (rappel : ultra simplifiée ! elle n’inclut pas les besoins en sécurité intérieure !) nous indiquent que le véritable coût de l’anarchie internationale équivaudrait aux dépenses nationales en armement !

Dans une société idéale, pour optimiser leurs dépenses, les états formeraient une grande fédération, ramenant à zéro leurs dépenses de sécurisation de leurs frontières (et donc leurs dépenses en armement). Et adieu l’anarchie internationale !

Mais la nature humaine et la structure même des états rendent cette option impossible (vous pouvez même aller lire Man, the State and War, de Kenneth Waltz, sur le pourquoi de la guerre)…

Finalement, si vous aviez toujours rêvé d’anarchie, be happy, en fait, vous la vivez déjà !

 

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