En 2019, une équipe de chercheurs autrichiens a mis en place une étude visant à mettre en évidence la présence (ou l’absence !) de microplastiques dans les selles humaines. Oui, les selles, vous avez bien lu. En gros, ces chercheurs souhaitaient savoir si on a ou non du plastique dans notre caca…

Je suis au regret de vous dire que oui…

Sur les 8 participants à cette étude (en réalité une pré-étude, avant de lancer un plus gros projet de recherche), tous avaient du plastique dans les selles. En moyenne, 20 particules de microplastiques ont été retrouvées par 10g de selles. 9 types de plastique différents ont été retrouvés, et en moyenne, chaque personne avait entre 3 et 7 types de plastique dans ses selles. Appétissant non ?

Microplastiques ?

Les microplastiques sont des particules de plastique d’une taille inférieure à 5 mm. Dans le cadre de l’étude précitée, les microplastiques retrouvés dans les selles avaient une taille comprise entre 50 et 500 μm (entre 0,05 et 0,5 mm – un peu plus que l’épaisseur d’un cheveu).

D’une manière générale, les microplastiques peuvent être arrivés tels quels dans l’environnement (les microfibres de vos vêtements en polaire ou en nylon ou encore les microbilles de vos cosmétiques exfoliants), ou provenir de la dégradation de morceaux de plastique plus importants (résidus de bouteilles en plastique, sacs plastiques, filets de pêche, etc.).

Mais si on les retrouve dans nos selles, c’est bien qu’on a du les avaler d‘abord non ?

Oui, et c’est bien là le problème d’ailleurs…

De la mer à l’assiette ?

Vous avez peut-être déjà entendu parler du continent de plastique…

En réalité, on pourrait même parler DES continents de plastique. Il s’agit de zones de l’océan mondial dans lesquelles sont « piégées » par les courants d’énormes quantités de plastique. Certaines sont immenses, comme celle située dans l’océan Pacifique, dont la surface équivaut à 3 fois la France, et où plus de 80 000 tonnes de déchets plastiques flottent.

Depuis que ces zones ont été découvertes, c’est tout à fait logiquement qu’on a commencé à se demander si certains de ces morceaux de plastique ne se retrouveraient pas par hasard dans nos assiettes via les produits de la mer…

En 2018, plusieurs associations de consommateurs européennes ont testé 102 échantillons de produits de la mer, prouvant ainsi que plus des 2 tiers contenaient des microplastiques : mollusques, crustacés, et sel de mer étaient ainsi contaminés ! Les poissons ont été laissés de coté puisqu’ils sont généralement vidés avant d’être consommés, ce qui n’est bien évidemment pas le cas de vos huîtres, bulots ou crevettes !

La faute à la chaîne alimentaire ?

Le plancton mange les microplastiques, les poissons mangent le plancton, les requins mangent les poissons, les orques mangent les requins… Et les plus gros finissent avec tous les morceaux de plastique des plus petits dans l’estomac ! On appelle ça de la bioaccumulation. Et si c’est pas trop trop grave pour le plastique, puisqu’on vide nos poissons, pour certains autres polluants, c’est plus problématique (comme le mercure par exemple).

En tout cas, une question se pose : qu’est ce qui pousse le plancton à manger les particules de microplastiques ??

Cette question, une équipe de chercheurs du Plymouth Marine Laboratory se l’est posée, et a décidé de s’intéresser au régime alimentaire des copépodes, de petits crustacés de quelques millimètres de longueur qui forment la majeure partie du plancton marin.

Maître copépode, par l’odeur alléché ?

Les copépodes ingèrent régulièrement des microplastiques. Cette étape est essentielle à la dispersion des microplastiques dans la chaîne alimentaire.

Il a aussi été démontré par le passé que l’appétit des copépodes était stimulé en présence de DMS – du diméthylsulfide – un composé chimique volatil produit par les algues qui leur servent de proie. Au cours de leurs pérégrinations océaniques, les particules de microplastiques se trouvent exposées au DMS, et leur signature olfactive s’en trouve modifiée, les faisant ainsi passer pour des proies aux yeux des copépodes !

D’ailleurs, il n’y a pas que les copépodes dont l’appétit se trouve stimulé par le DMS : requins-baleine, tortues ou encore pingouins se nourrissant du même type de proie sont aussi affectés ! Si l’on croyait que les tortues ingéraient du plastique simplement parce qu’elles confondaient visuellement ces débris avec leurs proies habituelles, il se pourrait bien que la confusion ne soit pas que visuelle !

Allez, on se fait un petit plateau d’huîtres goût microfibre ? Ah pardon…Vous préférez nylon ?

 

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